Une vocation accidentelle

Albin Michel n’est pas le meilleur élève de sa famille. Cinquième d’une fratrie de 6, il voit ses frères exceller dans divers domaines : Georges entre à l’école de chirurgie, Ferdinand à Polytechnique et Louis se prépare à passer le concours de la Banque de France. Albin, lui, loupe son baccalauréat.

 Il ne désespère pas et part pour s’installer à la Capitale. Ses parents sont amis avec Ernest Flammarion, fondateur de la maison d’édition éponyme. Il engage Albin Michel comme simple commis.

Un bon vendeur qui veut grandir

Albin Michel se débrouille bien dans le monde des affaires. Il a le sens de la vente et sait négocier avec les distributeurs. Au bout de quelques années, alors qu’il n’a que 24 ans, il est nommé chef d’une succursale avenue de l’Opéra.

 Mais Albin Michel veut voir plus grand. Il a envie d’éditer ses propres livres et propose à Ernest Flammarion une association, mais Vaillant, alors déjà associé avec la maison Flammarion, refuse et Albin Michel décide de quitter la librairie pour ouvrir sa propre entreprise.

De l’érotisme au succès

Albin Michel fonde son entreprise et ouvre une librairie à Paris, rue des Mathurins. Pour ses publications, il se concentre d’abord sur des petits romans à tendance érotique qui se vendent bien à cette époque. Il obtient l’un des premiers succès en 1902 avec la publication de L’arriviste de Félicien Champsaur. Il enchaîne l’année suivante avec une collection de livres bon marché qui se vendent comme des petits pains.

En 1905, le roman de Romain Rolland, Jean-Christophe, obtient un grand succès, ainsi que le prix Fémina. C’est le premier prix de la maison d’édition et les débuts du succès.

Une maison bien installée

Albin Michel est reconnu dans le milieu littéraire pour avoir le nez fin et savoir dénicher de nouveaux talents. Il publie de nombreux auteurs avec des succès retentissants, notamment L’enfer d’Henri Barbusse en 1908 qui s’écoule à plus de 200 000 exemplaires. Deux ans plus tard, il loue plus de 1400 m2 rue Huyghens pour y installer le siège social de son entreprise qui y restera jusqu’à ce jour.

 Les prix s’accumulent, avec notamment trois prix Goncourt autour des années 20. Albin Michel lance alors un premier magazine et s’ouvre à la littérature jeunesse pour toucher de nouveaux publics.

Albin Michel meurt en 1943 suite à une bronchite. L’entreprise reste dans la famille et c’est son petit-fils qui la dirige aujourd’hui, Francis Esménard. Les éditions Albin Michel publient plus de 400 livres par an et se classent à la quatrième place des plus grands éditeurs français. Leur chiffre d’affaires s’élève à plus de 70 millions d’euros.